Bafoussam, 20 octobre, 2025 / 10:55 AM
Mgr Paul Lontsié-Keuné, évêque du diocèse catholique de Bafoussam au Cameroun, a exhorté l’ensemble des acteurs impliqués dans l’élection présidentielle du 12 octobre à « respecter la vérité des urnes », soulignant que la dignité des citoyens ne peut être sauvegardée que lorsque leurs votes sont reconnus et respectés.
Dans une déclaration prononcée le dimanche 19 octobre, Mgr Lontsié-Keuné a rappelé que le 12 octobre, les Camerounais avaient répondu à l’appel des membres de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun (CENC) les invitant à s’inscrire, à accomplir leur devoir civique en votant et à veiller à la transparence du scrutin — négliger cette responsabilité pouvant, selon lui, constituer un « péché d’omission ».
« À la fin de la journée électorale du 12 octobre, il était clair que de nombreux Camerounais avaient suivi ces recommandations, permettant ainsi à chacun de connaître les résultats de son bureau de vote et de s’assurer que sa voix avait bien été prise en compte », a déclaré l’évêque camerounais.
Il a ajouté : « D’après les rapports concordants reçus depuis le 12 octobre, de nombreux citoyens ont fait preuve d’une intégrité morale exemplaire, refusant toute complicité dans la fraude électorale — qu’il s’agisse du bourrage d’urnes ou de la falsification des procès-verbaux. »
« J’en appelle à tous les acteurs du processus électoral, en particulier en ce moment crucial, ainsi qu’aux candidats à l’élection du 12 octobre, à agir en conscience et à respecter la vérité des urnes. La loi doit prévaloir, et elle doit s’appliquer à tous », a poursuivi Mgr Lontsié-Keuné.
Il a insisté : « Aujourd’hui, l’enjeu fondamental est la vérité des urnes — cette vérité que le peuple camerounais continue de réclamer. L’engagement civique manifesté par les électeurs, depuis leur inscription jusqu’à l’acte historique du vote du 12 octobre, est une expression puissante de leur dignité donnée par Dieu — une dignité que l’Église a toujours proclamée, défendue et protégée en tout temps et en tout lieu. »
Le prélat camerounais a souligné que « lorsque la volonté des citoyens est délibérément piétinée par égoïsme, il s’agit d’une grave atteinte à cette dignité. Ignorer le vote de chaque citoyen revient à lui refuser son droit fondamental d’exprimer librement sa volonté dans le cadre démocratique prévu par la loi. Cela revient à nier aux citoyens le droit de voir leurs intentions reconnues par les autorités compétentes. »
Des violences ont été signalées dans certaines villes du pays à la suite du scrutin du 12 octobre.
Dans la capitale économique, Douala, des manifestants en colère ont accusé les autorités de fraude électorale.
Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux par des médias locaux montrent des protestataires affirmant que des responsables ont manipulé le dépouillement des bulletins afin de favoriser le président Paul Biya, au pouvoir depuis plusieurs décennies.
Des émeutes ont également éclaté dans la ville de Dschang, où le siège du parti au pouvoir a été incendié.
Dans sa déclaration du 19 octobre, Mgr Lontsié-Keuné a souligné que « la violence, d’où qu’elle vienne, n’est jamais la voie appropriée pour bâtir une nation. »
« Je condamne donc les actes de vandalisme commis dans certaines villes et bâtiments publics. Je condamne également sans équivoque toute tentative d’intimidation ou de répression contre les citoyens qui réclament actuellement la vérité des urnes », a-t-il affirmé.
Lors du scrutin présidentiel du 12 octobre, le président Paul Biya, deuxième chef d’État africain le plus ancien au pouvoir après Teodoro Obiang de Guinée équatoriale, briguait un huitième mandat.
Chef d’État depuis 1982 dans ce pays d’Afrique centrale où le mandat présidentiel est de sept ans, le dirigeant camerounais de 92 ans est le plus âgé des chefs d’État au monde.
Les amendements constitutionnels introduits en 2008 par le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), le parti du président Biya, supprimant la limitation à deux mandats présidentiels, ont permis cette « longévité exceptionnelle ».
Après le scrutin, le candidat de l’opposition, Issa Tchiroma Bakary, s’est autoproclamé vainqueur.
Cette déclaration a été immédiatement rejetée par le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, qui l’a qualifiée d’illégale et de « sujet de vive préoccupation ».
Le RDPC au pouvoir a également condamné la déclaration de M. Tchiroma, la qualifiant de « supercherie grotesque », rappelant que seul le Conseil constitutionnel est habilité à proclamer officiellement le vainqueur.
L’annonce officielle des résultats, une fois les rapports compilés par Elections Cameroon (ELECAM), est attendue d’ici le 23 octobre, après validation par le Conseil constitutionnel.
Cependant, de nombreuses inquiétudes persistent quant à la transparence, l’équité et l’intégrité du scrutin. Des groupes de l’opposition, la société civile et des médias ont signalé d’éventuelles irrégularités.
Dans sa déclaration du 19 octobre, Mgr Lontsié-Keuné a insisté : « Ceux qui ont la lourde responsabilité de faire respecter la loi et de proclamer les résultats doivent dire la vérité des urnes — rien que la vérité — afin que notre pays, berceau de nos ancêtres et héritage pour nos enfants, soit préservé pour les générations futures. »
Et de conclure : « Nous sommes tous redevables, non seulement devant l’histoire, mais aussi devant Dieu, qui est le chemin, la vérité et la vie. Dieu est amour, justice, paix et miséricorde, fils et filles de Dieu, le Seigneur de toutes choses. »
L’évêque de Bafoussam, en poste depuis février 2022 après avoir dirigé le diocèse de Yokadouma depuis juillet 2017, a enfin souligné que « la paix protège le peuple, et le peuple protège la paix. Le chemin de la paix, c’est la reconnaissance et le respect de la vérité par tous. »
(L'histoire continue ci-dessous)
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